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8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 23:04
Autour des élections américaines : des idées en vrac...

Roudy Stanley PENN

Politologue | Consultant politique

Twitter : @pennros

Instagram : @penn_ayti

Roudy Stanley Penn

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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 19:55

Depuis ce jeudi 7 Avril 2016, suite à une correspondance du Coordonnateur général (CG) de l’OPL, M. Sauveur Pierre Etienne, sollicitant de M. Ronald Lareche, Président a.i du Senat de la République, le remplacement de l’ancien sénateur François Anick Joseph par Mme Edva Guillaume comme nouvelle sénatrice de l’OPL. Une correspondance qui pratiquement fait la une des journaux, avec que ce soit des interventions du professeur et d’autres personnalités, mais surtout des juristes. Evidemment, la question à laquelle répondent ces interventions est celle de savoir : est-ce que l’OPL peut vraiment pourvoir au remplacement de l’ancien sénateur ? A mon sens, le débat ne peut pas se limiter rien qu’à cela. Ce serait trop simpliste pour une affaire d’une telle importance. Il faut pousser le questionnement bien plus loin. C’est la loi portant formation, fonctionnement et financement des partis politiques qu’il faudrait questionner à travers cet article, voir la notion d’appartenance du mandat, l’intention cachée derrière l’article 24.1 et aussi, dans une certaine mesure, chercher à voir l’importance de la correspondance.

Pour être franc, si c’est pour parler de si oui ou non l’OPL peut remplacer l’ancien sénateur François Anick Joseph, j’estime qu’il n’y a pas lieu de débat. Les juristes en ont déjà fait le point, parce que la Constitution donne déjà les marches à suivre en son article 130 qui stipule : « En cas de mort, de démission, de déchéance, d’interdiction judiciaire ou d’acceptation d’une fonction incompatible avec le mandat du député ou du sénateur dans sa circonscription électorale pour le temps seulement qui reste à courir par une élection partielle sur convocation de l’Assemblée primaire électorale faite par le Conseil Electoral Permanent dans le mois même de la vacance. ». Dans ce cas, il n’y a pas matière à débattre. Pour le changer, il faudrait procéder à un amendement constitutionnel. Point barre.

Par rapport à tout ce que je viens de dire – dont je ne fais que reprendre d’ailleurs – je ne suis pas certain que Sauveur Pierre Etienne, de son coté, n’y a pas pensé. Ça aurait été trop facile. Pour un intellectuel de sa trempe, j’en doute fort. C’est Elias Canetti qui dit que « le seul combat perdu d’avance est celui que l’on n’a pas mené ». Quel est véritable but poursuivi par cette correspondance ? Quel est vrai combat que serait en train de mener le CG de l’OPL ? A mon avis, c’est choquer, faire luire le niveau d’incohérence qui ressort de l’article 24.1 de la loi, pour ne pas parler de puérilité tout court. Car comment, des hommes et des femmes qui ont prêté serment sur la Constitution peuvent voter une loi qui contient un article qui soit en flagrance contradiction à la loi mère. Qui étaient donc ces consultants qui ont fait le lobby de cette loi ? Surtout lorsque nous savons que c’est cette même loi qui a favorisé, en l’espace de six mois, la création de plus de 80 partis politiques, une situation qui a davantage fragilisé notre jeune démocratie par une hyperinflation des partis.

Le mandat appartient au parti politique…

Lorsqu’au niveau de l’article 24.1 de la Loi portant formation, fonctionnement et financement des partis politiques, il est dit, je cite : « Le mandant appartient au parti politique, nonobstant les dispositions constitutionnelles », alors que dans les articles qui suivent, il n’est donné aucune précision. Il y a lieu de considérer que cette loi est d’une grande légèreté. Elle est floue. L’article peut être sujet de trop d’interprétations. Et c’est justement à cela que joue le CG de l’OPL. On pourrait également pousser le questionnement pour se demander : en plus de la possibilité du « remplacement » qu’essaie de profiter l’OPL, doit-on supposer que les partis, à travers cet article, possèderaient également le pouvoir de révocation sur le mandat des élus ? On pourrait on pourrait ajouter en se disant : étant donné que le mandat appartient au parti politique, est-ce que cela voudrait dire en conséquence que désormais c’est aux partis politiques que revient le salaire des élus ?

Au-delà de tout ce flou, il ne faut pas non plus classer « impolitique » la démarche de l’OPL. Bien qu’incompatible à notre régime, ce phénomène a existé dans bien des pays à travers le monde, particulièrement dans les pays de l’Europe de l’Est avant la chute de l’Union Soviétique, et continue encore de l’être dans les rares pays qui conservent encore le modèle de « mandat impératif ». Je peux citer en exemple : l’Indonésie où, à tout moment, le parti peut révoquer le mandat de n’importe quel parlementaire si celui-ci a violé la discipline, les principes politiques et les règlements du parti. Et il ne suffit que de préalablement se concerter avec le président de l'Assemblée et qu'il propose un candidat pour remplacer le membre révoqué.[1]

Entre ce qui est dit et ce qu’on a voulu : de l’esprit des législateurs

Il ne fait pas de doute que le phénomène de « chapo legal » fait partie des principaux problèmes qu’ont voulu toucher les responsables des partis politiques à travers la loi du 16 janvier 2014. En effet, depuis 1986, il a toujours manqué aux partis politiques un outil légal de contrôle sur leurs élus, pour qui, en majorité, les partis ne représentent qu’un chapo legal. Car une fois élu, ils évoluent en toute indépendance du parti qu’ils proviennent et s’allient à l’Exécutif, le plus souvent, pour assurer leur réélection – affaiblissant ainsi les anciennes structures au détriment d’une plateforme présidentielle créée à chaque élection par le président au pouvoir.

La notion de « Ligne de parti » n’est généralement pas prise en compte par les élus haïtiens. Très probablement à cause de la configuration du Parlement, où il n’y a pas de parti disposant de majorité, mais de minorités moins faibles que d’autres, la stratégie a amené à la création de « groupes parlementaires » qui prennent le dessus sur les partis. Même lorsque les partis politiques prennent des sanctions contre leurs élus, cela n’a, au final, aucune incidence réelle sur la carrière politique de l’élu en question. On a plus l’impression que c’est le parti qui perd et non l’inverse. Est-ce pourquoi, c’est très rarement que les partis politiques prennent des sanctions contre leurs élus qui enfreignent les décisions arrêtées par leurs partis. Les quelques rares exemples que nous disposons remontent à 2010 avec Asanm Nou Fò et Ayiti Ann Aksyon (AAA) qui expulsent leur sénateur respectif, tous deux membres convertis, pour avoir voté la loi d’urgence avec le groupe majoritaire d’Inité (plateforme du président René Préval) » nous rapporte Marvel Dandin dans sa synthèse faite sur les Relations entre les partis politiques et parlementaires en Haïti. En Octobre 2012, poursuit-il : « l’OPL a suspendu pour une durée de 24 à 36 mois les droits et privilèges d’un sénateur et de 4 députés élus sous leur bannière. »[2] La question importante à se poser, vu la faiblesse de nos partis politiques, leur manque d‘ancrage et de moyens financiers, c’est quels sont les incidences réelles qu’ont ces mesures sur la carrière politique de ces élus ne respectant pas la discipline de parti ?

Dans d’autres démocraties, pour contrer ces formes de désertion, on procède à diverses formes de mesures. Au Québec par exemple, le « Chef du parti » dispose d’un large pouvoir, duquel ils s’en servent pour faire respecter la ligne de parti. Etant donné que pour être candidat, la loi électorale exige que le candidat détienne une lettre du Chef du parti qui atteste que ce dernier le reconnait en tant que tel, très souvent, lorsqu’un élu ne respecte pas la ligne du parti c’est difficile pour lui de bénéficier de l’investiture du parti. Dans d’autres sociétés, pour exiger le respect de de ligne du parti, les dirigeants font signer par le candidat une lettre de démission non datée, déposée auprès du parti, comme condition préalable à une investiture. Et certaines fois aussi, on exige du candidat qu’il dépose un "chèque en blanc" l'obligeant à rembourser les frais de campagne, très élevés, en cas de retrait du groupe parlementaire.[3]

J’ai évoqué ces exemples dans le but de montrer aux Chefs des partis politiques qu’il y a une panoplie de moyens qu’ils peuvent utiliser pour promouvoir et exiger le respect de la ligne de parti et renforcer du même coup leur structure.

Conclusion

Enfin de compte, je dirai que l’action du Coordonnateur de l’OPL est intellectuellement noble (parce qu’il attire notre attention sur un problème), politiquement intelligente (il a l’audace de vouloir chercher à en profiter du flou juridique créé par l’article), mais juridiquement inapplicable (par le fait que c’est en contradiction à la Constitution). D’un autre côté, il faut aussi appeler un chat par son nom : cette loi est un problème majeur. Au lieu de résoudre le problème des partis politiques, elle sème la contradiction et affaiblit notre démocratie. Au plus vite, nos législateurs doivent l’amender, mais cela ne doit certainement pas se faire de la même manière, dans l’empressement, sans expertise adéquate. Il faut l’appui technique de consultants politiques et de juristes chevronnés pour fournir une législation à même de renforcer réellement les partis politiques. Car comme l’a soutenu César Gaveira, ancien président de la Colombie et ayant également été Secrétaire général de l’OEA : « une démocratie dans laquelle il n’est pas possible d’articuler les intérêts de la société à travers les partis politiques est une démocratie extrêmement faible. »

NB : Cette réflexion m’engage personnellement et ne peut en aucun être utilisé comme position d’institution dans laquelle je travaille.

Roudy Stanley PENN

Consultant politique

Dir Général | PoliticoTech Consulting

Twitter : @pennros

[1] Marc Van der Hulst, Le mandat parlementaire, étude comparative mondiale, UIP, 2000

[2] International IDEA, Relations entre partis politiques et parlementaires en Haïti, 2015, p. 54

[3] Zdzisław Kędzia et Agata Hauser, L’Emprise des partis politiques sur le mandate parlementaire, UIP, p.9

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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 14:19

En Haïti, ce n’est pas malheureusement pas facile d’avoir droit dans les médias traditionnels à des débats de hauteur sur les questions politiques. Je fais cette parenthèse pour saluer cette fameuse interview qu’a réalisée le mercredi 30 juin 2016, le journaliste Valéry Numa avec l’économiste Claude Joseph qui, depuis plusieurs mois déjà se donne la peine de produire de pertinentes réflexions sur les questions politiques haïtiennes, lesquelles réflexions ne font que renforcer mon admiration à son endroit. Il n’y a aucun doute qu’il s’agissait dans l’interview de quelqu’un qui maitrisait son discours sur le parlement. Toutes ses précisions ont valu la peine. Mais cela n’empêche que j’éprouve quelques petits désaccords.

Je constate malheureusement depuis quelque temps, et ceci venant même de politologues et d’avocats chevronnés qui limitent le parlement à des fonctions de législation et de contrôle, s’obstinant ainsi à diaboliser toute tentative des acteurs au niveau du Parlement à participer dans la constitution du gouvernement. Est-ce que ce discours est fondé ? Peut-on vraiment considérer cela comme incompatible à la fonction parlementaire ? Serait-ce normal d’astreindre la fonction du parlement, à la législation et au contrôle de l’exécutif uniquement, lors même que l’on sait que nous avons en Haïti un exécutif bicéphale – en ce sens que nous disposons d’un président élu au suffrage universel direct et un premier ministre qui est l’émanation du parlement ?

Ce n’est pas parce qu’un groupe de parlementaires participe à monter un gouvernement que cela limite pour autant le contrôle de l’Exécutif par l’institution parlementaire. Le contrôle ne signifie pas que le parlement s’oppose à l’Exécutif, mais il s’agit d’une prérogative de l’opposition parlementaire pour faire montre au grand public les faiblesses et dérives du parti au pouvoir. Dans les régimes où l’opposition est mieux institutionnalisée, l’opposition parlementaire, qu’elle soit minoritaire ou majoritaire jouit assez amplement de cette prérogative. Au Royaume-Uni par exemple, il y a ce mécanisme utilisé par l’opposition qui est une session hebdomadaire de trente minutes de questions au premier ministre qui permet au Chef de l’opposition de contester l’action du PM.

On ne peut pas empêcher qu’un gouvernement soit soutenu par une majorité parlementaire et cela ne doit en aucun cas nuire à la prérogative du contrôle. On ne peut, par exemple, en aucun cas, empêcher qu’un parti politique qui détient la majorité au Parlement puisse bénéficier de l’appui de celle-ci. D’ailleurs, il ne faut pas non plus se faire l’illusion – comme certains s’obstinent à le faire – que l’Exécutif doit totalement se séparer du Parlement. Le rapport entre l’Exécutif et le Parlement varie, tout dépendamment de la nature du système politique (présidentiel, parlementaire ou dualiste) ou de la configuration du parlement.

On critique, dans le contexte actuel, le fait que le groupe majoritaire de la Chambre basse manifeste sa volonté à participer dans le gouvernement. Il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas dans un régime présidentiel qui laisse la prérogative de l’Exécutif au seul président de la République. Nous avons un système dualiste qui donne au Parlement pignon sur l’Exécutif. Ce qui peut, assez souvent, mettre le président de la République en situation difficile lorsque celui-ci ne détient la majorité nécessaire pour constituer le Gouvernement, ce qui lui pousse à cohabiter s’il y a un parti politique qui détient la majorité absolue et constituer sa propre majorité au jeu des alliances. Dans ce dernier cas particulièrement, ce sont les groupes parlementaires qui mènent le jeu.

Lorsque se constituent les groupes parlementaires, c’est dans le souci de constituer une force politique capable de nuire (l’opposition parlementaire) ou de nécessité une alliance avec le Gouvernement. Si dans notre système on reconnait légalement l’incompatibilité de la fonction parlementaire aux fonctions ministérielles et autres fonctions électives, cela n’empêche pas pour autant qu’un groupe parlementaire dans le cadre d’une alliance avec l’Exécutif négocie certains postes clés du Gouvernement. Cela n’est nullement incompatible à la fonction parlementaire. Sans quoi, ces élus se verront malheureusement affaiblis dans leurs circonscriptions ou leurs départements parce qu’ils ne seront pas en mesure d’atterrir des projets concrets.

Présentement, nous sommes en présence d’un cas assez particulier où le Gouvernement du Premier ministre Enex Jean-Charles à pour principalement mission de poursuivre les élections. Les principales forces politiques cherchent à partager l’Exécutif pour éviter qu’un seul camp rafle la mise. C’est là aujourd’hui tout le jeu politique. Dites-vous aussi, même quand les ministres n’ont pas d’étiquette, mais certains ils représentent des camps politiques.

En peu de mots, contrairement aux discours qui diabolisent le parlement ou certains parlementaires parce qu’ils ne partagent pas leur point de vue, ce qui se passe est correct. Jusqu'à présent, je n’y vois aucune action impolitique ni déshonorant à la politique. Tout cela est tout simplement praxéologique.

NB : cette analyse n’engage en rien l’Institution dont je suis le porte-parole.

Roudy Stanley PENN

Consultant politique

@pennros

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24 octobre 2015 6 24 /10 /octobre /2015 15:10
Al vote pou konviksyon w

Konbyen nan nou ki lib ? Konbyen nan nou ki pral vote men se pa lòd nou resevwa ? Konbyen nan nou ki pral vote paske n vle vòt pa nou an fè ladiferans ? Konviksyon nan nou chwa nou pral fè a soti de yon konviksyon ? Konbyen ?

Anpil fwa, malerezman, nou vote yon moun paske se lik devan nan sondaj. Anpil lòt fwa nou vote yon moun paske l se fanmi, ousinon yon zanmi, a tout nou konnen pa gen anyen l pral regle. Nou vote moun paske kanpay yo gen lajan. Nou vote moun pou tout bagay. Hmmm !

Yon vòt se yon gwo bagay. Anpil fwa, pèp la mande chanjman, men dènye ti grenn efò pou l fè pou chanjman ateri vin jwenn li an, li pa prè pou l fè l.

Nou tèlman pa gen pasyans, nou tèlman pa ka tann, nou prefere griye mayi a pou n manje olye n plante l. Souf nou kout. Nou pa wè lwen. Podyab !

Mwen etone anpil, lè pandan yon reyinyon, yon jèn gason ki tap etale kategori vòt ki genyen, te di devan asistans lan : « Gen yon kategori vòt ki rele VÒT ACHTAB ». Nosyon vòt achtab la tèlman vale teren, koulya a nou rive nan yon nivo kote mou nap diw « kat elektoral mwen nan plàn ». Ka a grav !

Lè nou pral vote, fòk nou konnen ke aksyon sa a ap gen ensidans sou lavi nou, sou fanmi nou, sou zanmi nou, sou peyi a. Kidonk, se ak konviksyon pou n fè l. Fòk lè nou fin vote, nou konnen zak sa a, menm si n ta mouri aprè, ap kontribiye pou met peyi a sou chemen lavi miyò. Nou dwe gen konviksyon e se ak konviksyon pou n vote. Pa vote swivan sondaj nan lari a, men swivan sondaj kè w la.

Roudy Stanley Penn

PDG PolticoTech Consulting

Consultant politique | Membre de l’IAPC

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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 20:03
Jerry Tardieu : Une candidature qui fait la différence

Elles ne sont pas nombreuses les campagnes qui m’ont particulièrement marqué tout le long de cette dynamique électorale. Je peux malheureusement les compter sur mes doigts, ces candidats qui au delà du souci d’accéder au pouvoir, ont compris la nécessité de se vendre à travers une vision, des projets et qui ont compris la nécessité, à travers les nouvelles technologies, de mener une campagne conforme à la modernité électorale.

Parmi les rares candidats qui, par leur façon de faire, leur discours et leur programme m’ont profondément ému, je peux sans ambages citer Jerry Tardieu. Bien avant de le connaitre, j’ai aimé le lire, j’ai apprécié ses réflexions, sa connaissance des différents problèmes du pays, mais surtout sa sagacité à proposer, toujours humblement, des pistes de solutions que l’on ne saurait remettre en cause. L’Avenir d’Haïti, il ne le regarde pas à coté, mais en face. Ce brillant économiste et homme d’affaire haïtien, fait partie des rares personnalités qui ont de quoi inspirer à la génération montante, c’est sans nul doute ce qui explique la présence à ses cotés de nombreux jeunes intellectuels et leaders qui se sont liés à sa cause depuis la sortie de son tout dernier essai « Investir et s’investir en Haïti » – vendu d’ailleurs comme un roman de Paolo Coelo.

Si fort souvent, c’est l’argent, la passion et quelque fois aussi des désirs de vengeance du pouvoir qui caractérisent la rentrée des gens en politique, dans le cas de Jerry, c’est différent. Car ce sont les idées et les valeurs qu’il a défendues dans ses livres durant les vingt dernières années qu’il s’obstine à défendre aujourd’hui à un autre niveau. Comme candidat, à la place de la publicité négative et la guerre frontale avec ses concurrents, il a opté pour la publication d’un pamphlet : « Candidat pourquoi ? Député pourquoi faire ? », à travers lequel il articule sa vision et les raisons qui justifient sa candidature. Jerry Tardieu est différent. Il inspire. Il n’est pas comme les autres. Sa campagne a été propre et belle, avec une utilisation professionnelle des réseaux sociaux, au point que, comme candidat à la députation il est suivi sur Facebook par 87,774 personnes tandis que les candidats à la présidence les plus populaires sur ce même réseau social est Steeve Khawly avec 46,970 suivis de Jude Célestin avec 44,214.

Pétion-Ville peut s’estimer fier d’élire un homme de la trempe de Jerry Tardieu comme représentant. Il nous faut dans les postes de décision, des hommes et des femmes qui, comme lui, bien avant d’ouvrir leur bouche, ont un passé qui parle pour eux.

Roudy Stanley PENN

PDG PoliticoTech Consulting

Consultant politique | Membre de l’IAPC

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 19:56
Haïti : Les meetings présidentiels ou  guerre de foules entre les candidats

La grande partie des prétendants de l’actuelle présidentielle en Haïti se lance dans une guerre effrénée de foule, où ils cherchent, à tour de rôle, à démontrer qu’ils sont en meilleurs position pour remporter le scrutin du 25 octobre prochain. Par principe, un meeting électoral est ce qu’il est. Un peu de perception, mais il est aussi déterminant dans le poids qu’aura le candidat dans l’opinion. Un meeting réussi met en confiance les partisans et peut attirer la sympathie de quelques indécis. C’est pourquoi, les candidats partout à travers le monde sont sensibles au lancement de leur campagne, parce que leur souci premier c’est d’en faire un événement majeure. En 2011 par exemple Le Monde (23 janvier) a décrit le lancement de la campagne de François Hollande comme «l’élan indispensable » et Le Figaro (16 février) a décrit celui de Nicolas Sarkozy d’« entrer de façon fracassante dans la campagne ».

Et quant aux élections présidentielles qui se déroulent actuellement en Haïti, Jude Célestin, le premier à avoir lancé sa campagne, a réalisé dans le Plateau central un événement que le journal Le Nouvelliste (24 septembre) nous décrit de la manière suivante : « la mobilisation était si grande que le candidat et sa suite étaient obligés de faire le reste du trajet à pied et de prendre leur bain de foule ». Moise Jean Charles, celui dont Martelly porte encore les cicatrices pour ses discours combien non ménagé comme maitre incontesté de l’opposition, « attire la grande foule » nous dit Le Nouvelliste (28 septembre) dans la commune de Saint Michel de l’Attalaye. Jovenel Moise pour sa part, dont plus d’un critique pour son caractère assez gavroche par rapport à Michel Martelly, a quand même « séduit le grand Nord » lors du lancement de sa campagne si nous reprenons Gérard Maximeau. Eric Jean Baptiste qui lui-même fait la politique à sa manière, a procédé à une démonstration de force à Carrefour, son fief politique. Si Jean Henry Céant qui portait l’étendard du mouvement Lavalas en 2010 a « bloqué le Bel-Air avec plusieurs milliers de sympathisants », Marise Narcise, celle dont l’attitude a toujours été féale vis-à-vis d’Aristide, a mobilisé elle aussi, plus de 10,000 sympathisants sur la route Piste le 30 septembre dernier. D’autres candidats comme Mario Andresol, Steeve Khawly et tant d’autres encore, ont eu des lancements de campagne également d’envergure.

Depuis, les hiérarques des sondages se livrent dans une guerre sans fin. Les uns cherchent à réaliser plus de meetings possibles (plus de communes) et couvrant un large public (minimum 5.000 personnes). Et à ce niveau-là, les cinq prétendants les plus considérables sont Jovenel Moise, Jude Célestin, Moise Jean Charles, Eric Jean Baptiste et Jean Henry Céant. Mon souci dans ce texte est d’évaluer et de questionner ces meetings.

A travers ce texte, je m’efforce de faire connaitre les méthodes à utiliser par un candidat pour réussir un meeting électoral d’envergure. Ensuite, vu la faiblesse des candidats à effectuer efficacement des suivis avec la population pour pouvoir évaluer leur impact réel, je propose à ce niveau une piste – par le biais des nouvelles technologies – qui pourrait se révéler très utile en termes d’évaluation. Car à mon avis, il ne suffit pas seulement pour les candidats de réaliser des rassemblements – peu importe leur envergure – mais l’important surtout c’est d’être en mesure d’évaluer le nombre approximatif de gens touchés ou sensibilisés, développer des outils de suivis, pour éviter qu’ils soient pris au piège de « l’illusion électorale ».

Les principes pour la réalisation d’un meeting électoral d’envergure en Haïti

Populaire ou pas, les candidats, pour réussir un meeting électoral d’envergure, doivent disposer les moyens financiers nécessaires et des équipes de professionnels. Sinon, peu importe leur niveau de popularité, ils se retrouveront dans une situation où seulement une petite poignée insignifiante de gens feront le déplacement, ce qui ne procurera pas aux candidats leurs véritables effets escomptés. Le candidat Steven Benoit par exemple, malgré qu’il soit connu, n’arrive pas à attirer la grande foule lors de ses meetings électoraux, à l’instar de candidats comme Jude Célestin et Moise Jean Charles. Pourtant, malgré l’impopularité de Jovenel Moise, étant désigné par le pouvoir en place, ce qui lui garantit une bonne part de l’artillerie étatique et de la machine présidentielle, ses meetings sont toujours bondés de gens. Dans ce cas, comment réussit-on un meeting ?

En effet, il nous faut d’entrée de jeu, dire pour le lecteur du présent article, que les méthodes pour réussir un meeting électoral varient d’un pays à d’autre. Ce que cela demande pour un pays où les citoyennes et citoyens sont organisé-e-s et où leur intérêt pour la chose publique est très poussé, ne sera pas la même chose pour une société pauvre où les citoyennes et citoyens sont peu organisés et manifestent très peu d’intérêt à intégrer les structures politiques. Est-ce pourquoi, le cas d’Haïti doit être analysé suivant une grille tiers-mondiste, mais aussi en tenant compte de certaines spécificités dues au niveau extrême de pauvreté dans lequel patauge la population, et le rapport sociohistorique qu’entreprend le peuple haïtien avec le pouvoir. Que doit-on donc savoir pour réussir un meeting ?

  1. Il existe une clientèle pour gonfler les meetings électoraux

On doit d’abord se rappeler que la popularité d’un leader politique ne suffit pas pour lui garantir un bon meeting électoral. Les meetings, les manifestations politiques ont une clientèle. Il existe dans la zone métropolitaine des personnes disponibles pour les meetings et manifestations peu importe pour qui, où et quand ils se réalisent. Il suffit de leur payer la journée et d’assurer leur déplacement. Cette situation s’explique à mon avis par l’absence quasi-totale de travail dans certaines zones du pays où les gens vivent dans la misère. Les meetings électoraux et manifestations sont vus comme des « emplois éclairs ».

  1. Contacter les leaders d’organisations

Bien que, depuis tantôt deux décennies, les organisations sont devenues de plus en plus faibles – où paradoxalement nous avons plus d’organisations mais avec de moins en moins de membres – une chose reste toutefois certaine : même lorsque les organisations perdent de leur légitimité, mais les contextes électoraux étant toujours des périodes qui attirent l’attention, les organisations continuent à représenter le principal lieu de rencontre entre les leaders politiques et la population. Ainsi, pour réussir un grand meeting électoral, le consultant politique qui accompagne le candidat doit être en mesure d’identifier des organisations et des leaders capables de les aider dans la mobilisation en leur fournissant les matériels de promotion et moyens financier nécessaires. Phénomène devenu courant depuis tantôt dix ans, réussir un meeting électoral ou une manifestation politique, le candidat en déplacement doit s’assurer d’un défilé des motards et de la présence de bandes à pieds pour sillonner les quartiers.

  1. Avoir le soutien de notables

Dans les villes de provinces surtout, en dehors de l’appui des organisations, il faut inconditionnellement le soutien des « notables ». Ces personnalités sont dans leur communauté des figures respectées pour leur parcours, mais surtout leur position sociale. Ils sont dans la presse (grands journalistes, patrons de medias), dans le secteur religieux (pasteurs, prêtres, hougans…), dans le secteur économique (grands planteurs, commerçants…) et dans le secteur politique (autorités locales, maires, députés…). En l’absence du support de notables dans une communauté, la venue d’un candidat peut être considérée comme une voiture en parfait état mais sans pneus.

  1. Soutien public d’artistes en vogue

Les temps ont changé. La politique n’est pas seulement politique, elle est aussi culturelle. On doit à la fois convaincre et séduire. Les hommes et femmes politiques s’efforcent à avoir des alliés surtout dans le domaine musical avec les artistes et tendances en vogue, parce que leur présence garantit aux candidats dans une certaine mesure la sympathie d’une part importante de leurs fanatiques. A Céant, son Fantom et son Jean Jean Roosevelt ; à Jovenel Moise son Shabba, son Gracia Delva, son Tony Mix et autres ; Et à Jude Célestin, la part léonine des artiste, avec comme acquisition Don Kato, Gazman Couleur, Bricks, Izolan et tant d’autres encore, sans parler du tout dernier buzz en date, l’endossement de Wyclef Jean.

Comment une équipe de campagne peut efficacement profiter de ses meetings électoraux ?

Le fait pour un candidat de disposer des moyens, des compétences et des réseaux nécessaires pour réussir de grands meetings électoraux ne suffisent pas pour lui garantir la victoire. L’opportunité qu’offre un grand meeting c’est tout simplement une belle audience, un large publica. Il ne serait pas étonnant de voir par exemple que les plusieurs milliers de personnes qui étaient présentes devant Jude Célestin à Jérémie, soient à moitié les mêmes qui constituaient la foule de Moise Jean Charles et de Jean Henry Céant. Dans le siècle actuel, le discours électoral est insuffisant, il ne suffit pas pour s’assurer du vote des militants qui de nos jours deviennent de plus en plus ondoyants et divers. Les candidats ont intérêt à faire usage des nouvelles technologies capables de garantir une base de données efficaces aux candidats. Pour la gestion des foules par exemple, il existe des appareils qui permettent d’enregistrer automatiquement des numéros de téléphones en service à partir du périmètre où se trouve l’appareil. Ce qui permettrait aux candidats, soit à partir de leur équipe phoning ou à partir d’un logiciel de campagne d’effectuer des suivis pour évaluer leur passage. Car paradoxalement, le fait de prendre part à un meeting ne suffit pas pour motiver les gens à gagner les urnes. Il faut des actions supplémentaires.

Roudy Stanley PENN

PDG PoliticoTech Consulting

Consultant politique | Membre de l’IAPC

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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 17:27
VII- Dumarsais Estimé : l’homme de la référence économique

Mal venu, mal sorti, mais bien installé. Le passage de Léon Dumarsais Estimé au pouvoir fait partie des plus remarquables. L’enfant béni de la commune de Verrettes est celui qui, seul, durant son passage au pouvoir, a pu procéder à la libération financière et économique du pays. Son administration a su mettre le pays sur les rails du développement économique, servant ainsi de modèle, à nos voisins de la région. «La prospérité générale que connut la République d’Haïti pendant la décennie qui suivit l’élection de Dumarsais Estimé, nous dit Charles Dupuy, restera d’ailleurs un fait unique dans son histoire : le pays encaissait des rentrée fiscales particulièrement abondantes et aussi, pour la première fois depuis longtemps, affichait une balance commerciale excédentaire »

Si le peuple haïtien a pleuré son départ, c’est parce qu’il n'était pas un dirigeant ordinaire. Il est l’homme qui a restauré l’image d’Haïti sur le plan international.

Parmi les grandes réalisations de Dumarsais Estimé, on peut citer la reconstruction du village frontalier de Belladères qui allait servir de vitrine de la réussite haïtienne sur la façade dominicaine. Bien que terminé, ce projet sera boycotté par les politiciens traditionnels au point d’influencer Trujillio à fermer le poste-frontière d’Elias Pina pour l’établir à Jimani. La politique a aussi ca comme revers malheureusement. Il ne suffit pas de bien faire. La folie du pouvoir peut convertir des gens sensés en de véritables insensés, les faisant caricaturer de nobles réalisations dans leurs discours pour masquer la population.

En même temps qu'Estimé réalisait des travaux d’envergure pour restaurer l’image du pays, ce héraut et grand représentant de la classe moyenne est également le bienfaiteur des plus pauvres par un ensemble de mesures qu’il a prises lors de son administration. On peut se référer entre autres, à l’augmentation du salaire minimum qui a passé de 2.50 gourdes à 3.50 gourdes par jour. Et lors de la rentrée scolaire de 1948, les enseignants allaient voir passer leur salaire mensuel de 75 gourdes à 225 gourdes. A rappeler que Estimé était non seulement pendant un certain temps professeur, mais il avait dirigé aussi le l'Education nationale.

Et l’un des plus grands actes posés par lui est son renvoie d’une escadre de gardes-côtes haïtiennes au large de La Navase « afin de faire acte de souveraineté et d'en reprendre la possession. » Combien de Chefs d'Etat seraient capables aujourd'hui de faire la même chose? Malhreureusement, la Navise est encore séquestrer par le grand patron de l'hémisphère. Les Dumarsais à la tête de l'Etat sont rares. C'est pourquoi nous n'avons eu qu'un seul.

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 19:59
Campagne présidentielle : les mauvaises recettes face aux bonnes pratiques de la modernité

On ne devient pas Chef d’état par hasard. On ne remporte pas un scrutin par mégarde. Gagner une élection, quelle qu’elle soit, est toujours le résultat d’un plan stratégique mené par une équipe solide, constituée de professionnels du domaine politique et de la communication.

Nous comptons aujourd’hui cinquante cinq candidats à la présidence dont certains sont apparemment plus présidentiables que d’autres, que ce soit par leur parcours, leurs engagements ou leur notoriété. Malgré ces avantages, aucun des candidats les plus populaires ne sera en mesure de totaliser 20% au premier tour. La raison : les leaders qui sont présentement les plus populaires souffrent d’un manque de légitimité. Ils ont plus de renommé que de partisans, alors que le jeu, sur l’arène politique, se joue avec des partisans et les militants et non de simples appréciations populaires ou médiatiques qui peuvent changer au jeu des circonstances. De là étant, la majeure partie de ces leaders connus sont plus ministrables que présidentiables.

Fort de ce constat, rien n’est donc gagné d’avance. Tout est possible. Les candidats sont presque tous égaux. L’effet Martelly pourrait alors se reproduire, en ce sens qu’un néophyte refasse surprise. A ce niveau, j’en déduis que tout va se jouer entre les méthodes qui seront utilisées par les candidats et leurs équipes pour administrer leurs campagnes, du choix qu’ils auront à faire. Opteront-ils pour les mauvaises recettes qui sont l’apanage des politiciens traditionnels ou feront-ils le choix des méthodes modernes de gestion de campagne ?

Les mauvaises pratiques électorales haïtiennes

Les élections, durant les vingt dernières années en Haïti, ont été l’objet de travestissement des normes électorales que ce soit par les autorités en place ou la plus forte partie de nos politiciens. Ce qui a caractérisé les élections, de 2000 à nos jours, c’est le « hold up ». Les partis qui ne sont pas au pouvoir se voient distribués quelques vétilles, alors que le camp au pouvoir s’attribue la part léonine. Pour se faire, la formule est de faire usage de la violence, sous forme publique (en utilisant les forces publiques à leurs intérêts électoraux) et civile (en armant leurs partisans) pour empêcher aux adversaires de voter, pour quant à eux, procéder aux bourrages d'urnes.

Un autre élément encore, caractérise les vielles pratiques : stratégie d’élimination de centres de votes. Cette strategie le plus souvent se concrétise avec la complicité des autorités judiciaires et des Bureaux électoraux (BEC et BED).

Depuis pratiquement 2010, avec le Conseil qui a été présidé par Gaillot Dorsainvil, une autre pratique sévit : beaucoup de candidats pensent – et c’est grave ! – que les élections ne gagnent pas mais s’achètent. Ce qui fait de l’élection une affaire aberrante, de laquelle font fi les honnêtes et paisibles citoyens. Ces pratiques ont causé énormément de tords à notre société, en témoigne la baisse considérable du taux de participation citoyenne aux urnes.

Comment expliquer par exemple, malgré que nous ayons plus de candidats, la population vote encore moins. Au premier tour des récentes législatives (2015) pour 1,515 candidats (députés et sénateurs) officiellement agréés, nous n’avons même pas enregistré 350.000 votants sur un registre de 5, 835,295 électeurs. Ce que l’AFP a appelé « une abstention massive ». Car à bien contrôler, cela fait une moyenne maximale de 263 voix par député et 1881 voix par sénateur.

Les exigences d’une campagne électorale moderne

Contrairement aux vieilles recettes qui ne contribuent pas à l’avancement de la démocratie, mais qui au contraire nous conduit continuellement dans l’instabilité politique qui est un frein majeur au développement économique du pays, les bonnes pratiques de la modernité électorale quant à elles, nous offrent d’autres avantages, non seulement réputés pour leur efficacité et leur scientificité. De façon générale, je vais essayer de partager succinctement quatre éléments qui, suivant les satisfactions qu’ils ont déjà offertes à de nombreux hommes et femmes politiques à travers le monde, pourront également aider à nos candidats de faire la différence et de maximiser leur chance par rapport à ceux qui restent encore viscéralement attachés aux vieilles et mauvaises recettes.

  1. Avoir une équipe de campagne standard

L’équipe de campagne est l’organe qui regroupe à la fois les techniciens, les proches et alliés du candidat. Si autrefois, il était recommandé aux candidats de se faire entourer de ses amis pour éviter les infiltrations, il faut dire que ce discours est aujourd’hui dépassé. Une équipe de campagne standard regroupe des professionnels, parmi lesquels peuvent se retrouver des proches, dans la mesure où ces derniers détiennent les compétences nécessaires. Les directives dans l’Equipe de campagne sont données par le Directeur de campagne qui assure la gestion technique à partir d’un document stratégique communément appelé « Plan de campagne ».

  1. Gérer professionnellement l’image du candidat

Aujourd’hui, il ne suffit pas seulement pour un candidat d’avoir un bon programme, il lui faut surtout avoir une bonne image. Ce n’est pas trop ce que le candidat veut qui importe, mais ce qu’il inspire. Car les gens doivent le sentir, ils doivent être attirés par lui. Ils doivent l’aimer et le candidat doit les séduire. Ce travail est l’affaire de professionnels du domaine politique et de la communication pour éviter en même temps, par faute d’excès que le candidat soit victime du « syndrome d’Ottinger ».

  1. Gérer la campagne à partir d’un logiciel

La meilleure façon de gérer efficacement sa campagne est de le faire à partir d’un logiciel de campagne qui peut être soit acheté, mais le meilleur des cas serait d’en faire fabriquer expressément un. Voyons quelques expériences déjà faites à ce niveau.

Barack Obama par exemple, lors de sa campagne en 2008 a fait usage d’un logiciel baptisé « Catalist ». Cet outil lui a permis de contrôler 1.2 millions de militants de sa campagne, collecté 1.3 millions de téléphones mobiles et 13 millions d’emails et surtout gérer des fichiers personnels pour environ 220 millions d’Américains avec jusqu’à 600 informations par personne.

L’expérience a été reprise en France avec trois jeunes qui avaient pris part à la campagne de Barack Obama en créant pour le compte du Parti Socialiste un logiciel qu’ils appelé 50+1, qui a permis à François Hollande de faire la différence sur Nicolas Sarkozy en 2012.

  1. Investir dans le Webmarketing

Il est quasiment suicidaire aujourd’hui qu’un candidat à la présidence néglige le Webmarketing. Nous somme à l’ère de la « génération Y ». Le Web est actuellement un lieu sûr où se retrouver une bonne partie des électeurs. Quand on tient compte des efforts qui ont été effectués ces dernières années pour démocratiser l’internet, on peut dire que le candidat qui n’en profite pas et dont l’e-réputation n’est pas gérée professionnellement, subira les conséquences. L’unique inconvénient c’est peut-être le coût qui fort souvent est élevé que cela exige. L’exemple nous vient clairement encore de Barack Obama qui, lors de sa campagne en 2008, a dépensé 16 millions de dollars dans le webmarketing contre 3.8 millions pour son adversaire John McCain. Nous verrons encore la différence dans la campagne présidentielle de 2010 avec Michel Joseph Martelly qui a mené une campagne 2.0 standard, ce qui lui a permis d’être mieux et bien plus vendu que son adversaire Mirlande Manigat.

Une modernité qui renforce la démocratie

Il est grand temps pour nos candidats à la présidence d’opter pour la modernité dans la gestion de leur campagne. Jusqu’à aujourd’hui encore, plus de 80% de nos candidats effectuent des dépenses sans qu’ils soient réellement en mesure d’évaluer l’impact réel de ces investissements. Raison : ils ne disposent d’aucun outil, après un meeting important, une interview phare, des alliances etc. pouvant leur permettre de mesurer leurs impacts. Ils évoluent presque tous et toutes dans la plus parfaite illusion. Ils se font rançonner par des abolotchos qui leur font voir monts et merveilles sous prétextes qu’ils contrôlent telle commune, tel département ou qu’ils ont une organisation qui dispose de plusieurs dizaines de milliers de membres. Il existe aujourd’hui des outils techniques qui peuvent aider à évaluer le travail des militants (es) et des délégués (es) sur le terrain, qu’on peut contrôler à partir d’un ordinateur.

Gérer une campagne électorale de cette manière sera non seulement un gain pour la démocratie – en ce sens qu’il y aura moins de violences, moins de fraudes, mais il contribuera également, à augmenter le taux de participation citoyenne aux élections. Ce qui donnerait plus de légitimé à nos élus.

Roudy Stanley PENN

PDG de PoliticoTech Consulting

Politologue | Membre de l’IAPC

Contact : pennros@gmail.com

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 01:53
VI- Charlemagne Péralte : symbole de résistance

Lorsqu’un homme, sans avoir été héros de l’indépendance, président de la république figure sur nos pièces de monnaies, c’est la preuve qu’il a été à la base de la réalisation d’une œuvre formidable. Effectivement, Charlemagne Péralte a fait une entrée spectaculaire dans l’histoire politique d’Haïti en saisissant l’occasion de défendre la dignité et l’honneur de notre peuple. Depuis le temps de la colonisation, l’imposition de la dette de l’indépendance, jamais sur cette terre, nous n’avons connu dans l’âme haïtienne, une plus haute humiliation à l’échelle internationale, que l’occupation du pays par les Etats-Unis d’Amérique.


Lorsque le pays se trouvait humilié sous les bottes étrangères par l’occupation du pays en 1915, c’est en effet Charlemagne Péralte qui, par sa bravoure, osa affronter les occupants par la mobilisation des masses paysannes. Le premier acte magnanime qu’il posa fut son refus de remettre la ville de Léogane aux occupants. A l'époque, il était le commandement de cet arrondissement. Révoqué, il retourne à son bastion (le Plateau-central). Accusé et arrêté, suite à une attaque des cacos le 10 octobre 1917, la cour martiale le condamne à cinq ans de travaux forcés. C’est derrière les barreaux de la prison Cap-Haïtien qu’il rencontra Benoit Batraville, qui deviendra son compagnon de combat. Une alliance qui a bouleversé les occupants. Les paysans s’étaient regroupés derrière lui. Ils firent preuve de courage et de grandeur d’esprit. Plus de 12,975 paysans perdirent la vie durant la période allant de cette période de grande mobilisation populaire.


Le mouvement devenant de plus en plus fort, les forces de l’occupation s’obstinaient à éliminer Charlemagne Péralte. C’est ainsi, comme Jésus, Dessalines, il sera trahi et livré aux Etats-uniens par le traitre du non de Conzé.

Des fois, quand on livre combat face à un adversaire qui, de loin, dépasse ses performances, l’important n’est pas de vaincre ou de perdre, mais d’avoir osé l’affronter. Charlemagne Péralte a combattu pour l’honneur. L’honneur de son peuple qui a juré de « vivre libre ou mourir ». Ayant ainsi fait corps à notre idéal de peuple, il a livré combat, s’offrant ainsi comme une sève à la nation pour alimenter notre espoir de peuple et l’orgueil national.

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 18:11

A peine si Antoine Simon a reçu une instruction primaire. Comme Dessalines, l’esclave devenu Empereur, Antoine Simon a gravi tous les échelons en passant de simple petit soldat au grade de Général, pour atteindre par la suite la magistrature suprême. Pour accomplir une telle trajectoire, même quand il ne savait pas lire, il était sans aucun doute un homme supérieur doté d'une intelligence qui n'était pas de l'ordinaire. Il était un homme supérieur. Et justement, il est supérieur de loin à de nombreux hommes qui, comme lui, étaient présidents, ou qui occupaient d’importantes fonctions au sein de l’administration publique. Pour ces hommes, leur souci c'était d’exister eux-mêmes, l’Etat leur servait de rempart, d'opportunité pour survivre.

Parlant de cette catégorie d'hommes, Benoit Joachim nous dit : « Ayant pour eux un certain savoir et une certaine éloquence, ils ne se privent pas d’écrire et de pérorer sur le patriotisme, le libéralisme, la civilisation, la démocratie, etc. Mais dans la pratique, leur fonction politique revient, tout en assurant leur enrichissement personnel, à maintenir l’appareil d’Etat au service de la classe dominante d’où ils sont issus ou dont les charmes discrets les ont attirés. »

Les intellectuels sont donc très souvent dangereux en Haïti. Une bonne instruction ne fait pas d'un individu un citoyen honnête pour autant, surtout chez nous. Car trop de prétendus intellectuels s'avillissent eux-mêmes par leur comportement.

Mais Antoine Simon fut un homme. L'aimer ou pas, cela ne pourra nullement empêcher de reconnaitre que c’est sous son administration que la ville de Port-au-Prince, capitale du pays, fut pour la première fois électrifiée et de même aussi, on peut dire que commença le bétonnage des rues de cette même capitale. C’est durant son passage au pouvoir également que les premières automobiles firent leur apparition en Haiti. C'est encore sous Antoine Simon que les prétendus intellectuels de son temps décriait, que fut construit le wharf de Port-au-Prince.

En meme temps, on le critique pour de nombreux projets, économiquement importants que réalisa son administration a cause des avantages que ceux-ci avaient offerts aux etrangers. Trop souvent, nos leaders fontAntoine-Simon.jpg état en Haiti d'un chauvinisme malhonnête qui tend toujours à soulever le peuple par de fausses informations.

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